La littérature fantastique a pris un tournant ces dix dernières années. En effet, les maîtres de la terreur se font plus rares et les rayons des libraires regorgent désormais de Bit-lit.
Le succès des vampires bellâtres de Twilight n’y est certainement pas étranger.
Moi qui étais friand de ce de genre, je l’ai délaissé car je ne suis plus dans le cœur de cible des éditeurs (les demoiselles de 15 à 30 ans semblent être plus consommatrices de lectures fantastiques) et que de ce fait il m’est difficile de trouver des ouvrages me convenant.
L’âge d’or des collections Métal (Fleuve Noir), Terreur (Pocket) ou Présence du futur (Denoel) étant révolu, je me suis tourné vers le roman noir qui me comble parfaitement.
Tout cela pour vous expliquer que j’étais un peu réticent à lire Sire Cédric malgré tout le bien que l’on me disait de ses écrits. J’avais peur d’être déçu, car mêler mes deux genres favoris (thriller et fantastique donc) n’est pas une mince affaire.
C’est à l’occasion d’un salon que j’ai cédé, et c’est l’auteur en chair et en os qui m’a conseillé de découvrir son univers avec De fièvre et de sang qui met en scène ses personnages récurrents.
4ème DE COUVERTURE :
Ils semblent se nourrir de sang. Leurs victimes sont retrouvées exsangues. Eva Svärta et le commandant Vauvert viennent enfin de mettre un terme aux agissements des frères Salaville. Mais les meurtres continuent, défiant toute logique. Les talents d'Eva, policière albinos dotée d'un instinct hors normes, vont la conduire aux frontières de la rationalité. Là où, à tout instant, les ténèbres menacent de s'ouvrir sous vos pieds, où votre propre reflet dans le miroir pourrait vous engloutir, où la part d'ombre qu'Eva porte en elle causera sa perte ou lui sauvera la vie...
MON AVIS :
On démarre le récit à 100 à l’heure, pendant 90 pages ça n’arrête pas. Malgré cela, Sire Cédric pose les bases de son intrigue et présente les protagonistes avec brio, et ce dans le feu de l’action. C’est seulement à la fin de la première partie que l’on peut lever les yeux du livre et reprendre son souffle. Voilà une (longue) introduction magistrale, de quoi être rassuré pour la suite de la lecture.
Le Vauvert et Eva me font penser au duo d’enquêteur Sharko/Hennebelle de Thilliez. Eva est un personnage atypique, l’idée de faire d’elle un profileur albinos est excellente et ouvre des perspectives intéressantes en terme de psychologie. Elle est traumatisée par un lourd passé qui l’oblige à prendre des médicaments pour éviter d’avoir d’étranges visions (chez Thilliez, Sharko ne se remet pas de la mort de sa femme et de sa fille, il a lui aussi des visons). Vauvert est quant à lui plus terre à terre, c’est un homme de terrain un peu tête brulée (rôle tenu par Hennebelle pour l’auteur du Nord de la France).
Aux éléments du thriller, Sire Cédric ajoute des ingrédients fantastiques, mais attention, ici c’est du sérieux. L’écrivain nous plonge dans le folklore européen. Les références majeures dans le domaine étant Vlad l’empaleur (celui du Dracula de Stoker) et la Comtesse Bathory (une forte sympathique demoiselle hongroise qui prenait des bains de sang pour ne pas vieillir. Heureusement, de nos jours il y a le lait d’ânesse). Les composantes surréalistes sont parfaitement maitrisées et se marient à merveille dans le récit.
La musique est source d’inspiration pour l’auteur, il se permet même une scène se déroulant dans un club où joue le groupe de Métal portugais Moonspell, un régal pour les amateurs du genre.
Sir Cédric fait partie de ces personnes qui ont su intégrer les influences du cinéma dans leurs écrits. Les chapitres sont courts et donnent un rythme incroyable au texte. Parfois, ils ne sont composés que d’une seule page, comme si, lors d’un film, deux scènes s’entrechoquaient.
Les 100 dernières pages sont d’une intensité rare. L’auteur excelle dans l’action et arrive à construire une atmosphère sombre et violente.
Une grande découverte pour moi !
Edition Pocket
570 pages
2010
7.60 euro