A l'occasion de la Rentrée littéraire 2014, DBDLO se met à la littérature générale.
Avec près de 600 titres prévus, il y a de quoi s'y perdre. Je vous propose donc une première sélection de 8 romans qui devraient passer dans mes mains ces prochaines semaines.
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On ne voyait que le bonheur de Grégoire Delacourt (JC Lattès)
« Une vie, et j'étais bien placé pour le savoir, vaut entre trente et quarante mille euros.
Une vie ; le col enfin à dix centimètres, le souffle court, la naissance, le sang, les larmes, la joie, la douleur, le premier bain, les premières dents, les premiers pas ; les mots nouveaux, la chute de vélo, l'appareil dentaire, la peur du tétanos, les blagues, les cousins, les vacances, les potes, les filles, les trahisons, le bien qu'on fait, l'envie de changer le monde.
Entre trente et quarante mille euros si vous vous faites écraser.
Vingt, vingt-cinq mille si vous êtes un enfant.
Un peu plus de cent mille si vous êtes dans un avion qui vous écrabouille avec deux cent vingt-sept autres vies.
Combien valurent les nôtres ? »
À force d'estimer, d'indemniser la vie des autres, un assureur va s'intéresser à la valeur de la sienne et nous emmener dans les territoires les plus intimes de notre humanité. Construit en forme de triptyque, On ne voyait que le bonheur se déroule dans le nord de la France, puis sur la côte ouest du Mexique. Le dernier tableau s'affranchit de la géographie et nous plonge dans le monde dangereux de l'adolescence, qui abrite pourtant les plus grandes promesses.
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Pétronille d'Amélie Nothomb ( Albin Michel)
« Au premier regard je la trouvai si jeune que je la pris pour un garçon de quinze ans. »
Oui, je sais, cette 4ème de couv c'est un peu léger!
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L'ordinateur du Paradis de Benoît Duteurtre (Gallimard)
Arrivé aux portes du paradis, un nouvel élu, fraîchement décédé, découvre les normes d'hygiène et de sécurité désormais fixées pour la vie éternelle. Au même moment, sur terre, un projet de pénalisation des images pornographiques perturbe la tranquillité de Simon Laroche, haut fonctionnaire bon teint qui redoute de se voir démasqué pour ses escapades sur Internet. Pourtant, c'est une simple phrase, filmée à son insu, qui va le précipiter dans un engrenage cauchemardesque. Dans cette société à peine imaginaire où les réseaux se dérèglent, où les informations des uns arrivent sur les ordinateurs des autres, où les femmes et les hommes guerroient sans relâche, deux jeunes banlieusards opposent une résistance dérisoire à l'ordre établi. L'intrigue nourrie par toutes les peurs de l'époque alterne avec les interventions débonnaires du Grand Saint Pierre. Après La petite fille et la cigarette, traduit dans de nombreux pays, Benoît Duteurtre renoue avec une veine fantaisiste, où le réalisme se mêle à l'imagination pour mieux éclairer notre présent.
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La dévoration de Nicolas d'Estienne d'Orves (Albin Michel)
« Je suis chez moi dans le carnage. Mes livres sont des meurtres. Le mal est ma respiration. »
Nicolas Sevin aime l opéra, la littérature et le sang. Dix ans qu avec une régularité de métronome, il publie chaque année le même livre. Judith, son éditrice, l enjoint de changer de registre et de dévoiler davantage l homme derrière l écrivain, ses livres n étant peut-être qu un bouclier contre les instincts d une violence qu il ignore.
En choisissant de se replonger dans l affaire du Japonais cannibale Morimoto, Nicolas Sevin prend le risque de se confronter à ses peurs et à ses démons : son enfance, sa relation ambiguë avec sa mère, un noir secret gardé par son père, ses parties de chasse sexuelle avec son amie de toujours. Et si les bourreaux qui le hantent étaient plus proches de lui qu il n ose le croire ? Au terme de sa descente en enfer, il dresse un constat sans concession : certains savent dompter l écriture, d autres se font dévorer par elle.
Auteur du très remarqué Les fidélités successives, Nicolas d Estienne d Orves nous donne, avec La dévoration, son livre le plus personnel et le plus dérangeant.
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Les amants spéculatifs d'Hélène Risser (JC Lattès)
Au plus fort de la crise des subprimes, Hélène, journaliste dans un quotidien économique, doit écrire l'autobiographie d'une banquière. Elle se souvient d'Anna B., interviewée autrefois, et dont l'ambition et la réussite incarnent l'argent fou et la féminité insolente. Anna accepte l'idée du livre, mais semble davantage préoccupée par sa vie conjugale que par la conjoncture et les dérives du système. Encore que. Et si, sur le grand marché des sentiments, le respect des règles financières permettait de limiter les pertes de l'investisseur ? Quand son mari la trahit, elle tente une expérience - le trading sentimental - sous les yeux ébahis d'Hélène.
Mais la spéculation n'est-elle pas plus aventureuse lorsqu'il s agit du coeur ?
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Monsieur est mort de Karine Silla (Plon)
A la mort de son père, Vincent quitte l'Inde où il vit depuis quinze ans pour revenir à Paris. Telle une bombe à retardement, cette disparition fait resurgir du passé des traumatismes enfouis. Ce retour sera-t-il le déclencheur pour que se brisent enfin les tabous, que soient dévoilés les secrets et les non-dits familiaux ? Un roman sur la culpabilité, le pardon et le pouvoir de destruction du silence.
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Orphelins de Dieu de Marc Biancarelli (Actes Sud)
Résolue à venger son frère, à qui quatre répugnantes crapules ont tranché la langue sans oublier de le défigurer, Vénérande, jeune paysanne au cœur aride, s’adjoint les services de L’Infernu, tueur à gages réputé pour sa sauvagerie, et s’embarque avec lui dans une traque sanguinaire à travers les montagnes corses du xixe siècle.
Au gré de leur chevauchée vers la tanière des Santa Lucia – la fratrie à abattre –, L’Infernu raconte à sa “disciple” son engagement, jadis, dans l’armée des insoumis, meute de mercenaires sans foi ni loi prompte à confondre patriotisme, geste guerrière et brigandage éhonté, semant terreur et chaos de vallées escarpées en villages désolés, de tavernes et bordels immondes en marécages infestés. L’abandon avec lequel L’Infernu se livre à Vénérande, au terme d’une existence passée à chercher en vain son humanité au-delà du chaos des armes, confère au sanglant baroud d’honneur de ce vaincu de l’Histoire les vertus d’une ultime et poignante transmission, qui culmine lors de l’assaut final.
Insolemment archaïque et parfaitement actuelle, cette épopée héroïque en forme de “western” réinvente superbement l’innocence des grands récits fondateurs à l’état natif, quand le commerce des hommes et des dieux, des héros et des monstres, pouvait encore faire le lit des mythes sans que nulle glose n’en vienne affadir les pouvoirs.