Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Du bruit dans les oreilles, de la poussiere dans les yeux.overblog.com

Blog culturel. Chroniques littéraires, musicales et interviews

Chronique de La Dévoration de Nicolas d’Estienne d’Orves

Publié le 18 Septembre 2014 par Dubruit Danslesoreilles in Chroniques

Chronique de La Dévoration de Nicolas d’Estienne d’Orves

Attention, La dévoration pourrait bien vous engloutir à moins que cela ne soit vous qui déglutissiez face à certains passages qui seraient surement au goût de ce cher Hannibal Lecter.

Suite à une séparation douloureuse (dont les causes restent floues), Nicolas Sevin se met à écrire. Très vite son style est remarqué et le jeune homme devient un auteur à succès. Son créneau : des fictions sur le mal dans tout ce qu’il a de plus abject. Le public adore, son entourage déteste, ne retrouvant aucunement Nicolas dans les mots qu’il couche sur le papier.

Après une dizaine de romans, Judith, l’éditrice, met l’écrivain sur la sellette. Le filon commence à s’user et elle voudrait qu’il innove et se dévoile plus dans ces textes.

Sevin trouvera l’inspiration grâce à un fait divers sur un Japonais cannibale qui, dans ce qu’il considère être un acte d’amour ultime, a dévoré sa petite amie.

Dans la première partie du livre, Nicolas d’Estienne d’Orves nous narre le quotidien de Sevin. Ses relations conflictuelles avec sa mère et son père ou celles avec sa grand-mère qui est en quelque sorte son mentor. Ces chapitres sont entrecoupés par des extraits de vie « d’une famille de bourreaux de père en fils », les Rogis. D’abord sous le charme de la plume de l’auteur, j’ai directement adhéré au personnage de Nicolas, son rapport particulier au corps, à la sensualité. Par contre, j’ai trouvé les passages relatifs au Rogis trop nombreux et il y a aussi des longueurs dans l’intrigue principale (la scène de l’opéra par exemple).

La seconde partie est bien plus réussite, elle s’attache au processus d’écriture du nouveau livre de Nicolas basé sur l’anthropophage japonais. Et là, je me suis régalé même si parfois, le lecteur peut se sentir à la limite de l’écœurement dans la prolifération de détails presque clinique concernant l’ingestion de viande humaine. Mélangeant sexualité, bestialité et l’avidité de s’approprier le corps de l’autre, Nicolas d’Estienne d’Orves fait fi des tabous et nous livre un roman cru, sale voir poisseux. Son réalisme met mal à l’aise, d’autant plus que le narrateur partage des points communs avec l’auteur (écrivain,  prénom identique…).

Jusque où le processus créatif peut faire basculer la psyché du maître d’œuvre ? La réponse risque de vous déstabiliser…

                                                                                                                                                                       

4ème de couverture :

« Je suis chez moi dans le carnage. Mes livres sont des meurtres. Le mal est ma respiration. »

Nicolas Sevin aime l opéra, la littérature et le sang. Dix ans qu avec une régularité de métronome, il publie chaque année le même livre. Judith, son éditrice, l enjoint de changer de registre et de dévoiler davantage l homme derrière l écrivain, ses livres n étant peut-être qu un bouclier contre les instincts d une violence qu il ignore.
En choisissant de se replonger dans l affaire du Japonais cannibale Morimoto, Nicolas Sevin prend le risque de se confronter à ses peurs et à ses démons : son enfance, sa relation ambiguë avec sa mère, un noir secret gardé par son père, ses parties de chasse sexuelle avec son amie de toujours. Et si les bourreaux qui le hantent étaient plus proches de lui qu il n ose le croire ? Au terme de sa descente en enfer, il dresse un constat sans concession : certains savent dompter l écriture, d autres se font dévorer par elle.

 

Editions Albin Michel

Aout 2014

320 pages

20€

Commenter cet article
A
Il me tente de moins en moins. Le goût de la viande rouge, sans doute.
Répondre
D
c'est exactement ça...mais plutôt cru la viande
Répondre
D
Ah, c'est du costaud en effet! J'en garde le souvenir d'un roman puissant comme une bonne viande rouge...
Répondre