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Blog culturel. Chroniques littéraires, musicales et interviews

Héloïse, ouille de Jean Teulé

Publié le 6 Mai 2015 par Laetitia Douay-Robert in Chroniques

Héloïse, ouille de Jean Teulé

Après Fleur de tonnerre biographie romancée de la tueuse en série Hélène Jégado en 2013, Jean Teulé nous dévoile maintenant les amours folles et ravageuses d’Abélard et d' Héloïse couple mythique du XII ème siècle. Et le ton est donné: Héloïse, ouille ! Çà va faire mal et nous faire rire.

 

 Teulé, reprenant cette légendaire histoire d'amour entre un jeune théologien Abélard et son élève Héloïse orpheline et nièce d'un chanoine, nous en dévoile tous les moments intimes. « on sait que ça a été une histoire sexuelle folle entre les deux, et au lieu d’étudier,  ils n'ont fait que baiser comme des dingues ». Et là rien à jalouser aux trouvères* du XII ème, tout est dit ! Le fin'amor est décrit dans toute sa splendeur érotico-comique.

 

 Nous connaissions l'histoire, nous en avons tout l'interdit, la violence et la fougue. Teulé a réussi à encenser un sexe qui allait bientôt tomber. Pauvre Abélard! L’histoire ne retiendra de cet érudit que ce malheureux destin d'eunuque, châtré, ridiculisé et puni d'avoir aimé, engrossé puis épousé Héloïse et qui finira sa sinistre vie dans un monastère. Et d’Héloïse, Teulé nous présente une jeune femme mature, avide et gourmande de sexe, victime d'un homme qui lui préféra Dieu, qui l'obligea à s'enfermer dans un couvent et qu'elle ne cessera d'aimer et de fantasmer jusqu'à sa mort . Dans un extrait tiré des lettres d’Héloïse, celle-ci écrit : « si je pouvais ouvrir ma bouche et laisser aller ma langue, ce ne serait pas pour me confesser. »

 

Écrit dans un langage à la fois cru et courtois, mêlant au latin et à l'ancien français le français moderne et le langage populaire, Teulé a su dépoussiérer et moderniser l'histoire de ce vieux couple oublié, aujourd’hui tous deux enlacés au cimetière du Père Lachaise.

C'est drôle et tragique à la fois, ça chante, ça rime ( ouille rimant avec couille, bien vu mon cher Teulé). Du pure Teulé dans la même veine que le Montespan . A lire et à relire.

 

* Les trouvères sont des poètes et compositeurs de langue d'oïl au Moyen Âge. Les trouveresses sont les femmes trouvères.

4ème de couverture;

À la fin de sa vie, Abélard écrivait à Héloïse : " Tu sais à quelles abjections ma luxure d'alors a conduit nos corps au point qu'aucun respect de la décence ou de Dieu ne me retirait de ce bourbier et que quand, même si ce n'était pas très souvent, tu hésitais, tu tentais de me dissuader, je profitais de ta faiblesse et te contraignais à consentir par des coups. Car je t'étais lié par une appétence si ardente que je faisais passer bien avant Dieu les misérables voluptés si obscènes que j'aurais honte aujourd'hui de nommer. " Depuis quand ne peut-on pas nommer les choses ? Jean Teulé s'y emploie avec gourmandise.

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A
Le Montespan était plutôt gouailleur, de mémoire.
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