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Blog culturel. Chroniques littéraires, musicales et interviews

Interview de Fabio M Mitchelli Part II octobre 2013

Publié le 1 Novembre 2013 par Dubruit Danslesoreilles in interviews, Semaines spéciales

Interview de Fabio M Mitchelli Part II octobre 2013

Interview Fabio M. Mitchell Partie 2

L’oeuvre…

La Verticale du fou, premier volet de la trilogie des verticales, révèle un point de vue de narration très original. Comment vous est venue l’idée de raconter l’histoire à travers la voix de la défunte victime ?

Encore aujourd’hui je me le demande… mais j’ai eu cette sensation d’écriture intuitive, comme si une petite voix féminine me parlait à l’oreille et me suggérait de raconter qui elle était, ce qu’avait été sa vie mais en commençant par la fin, c’est à dire sa mort. Bien évidemment, à ce moment-là, j’y vois une introspection toute personnelle, un besoin d’exprimer certaines choses ancrées au fond de moi et qui vont probablement m’éviter le divan du psy. Clarisse fut un exutoire, une issue de secours pour la personne que je fus plus jeune et qui ne voulait plus de ce corps, qui désirait partir, s’envoler comme une âme libérée de ses péchés terrestres, donc de ses tourments.

Un matin, je me suis levé, j’ai bu mon café et je me suis installé devant mon clavier. J’ai regardé ensuite au dehors, par delà la fenêtre, et j’ai commencé à écrire : « J’étais froide… j’étais froide car j’étais morte. J’étais morte depuis voilà maintenant cinq jours… » Et c’est aussi simple que cela…

Dans le second volet, à la verticale des enfers, c’est une mythologie entière qui se met en place. Les différents niveaux de conscience après la mort ne sont pas sans évoquer le travail de Bernard Werber dans les Thanatonautes et L’empire des anges…

J’ai vu aussi en 1991 un film, avec Julia Robert et kiefer sutherland, « L’expérience interdite » qui relatait aussi ce voyage à travers la mort, cette exploration de « l’après ». J’ai également lu les ouvrages de Bernard Werber que j’ai adoré, mais je ne me suis pas inspiré de ses ouvrages ou de ce film. Je me suis grandement inspiré d’un effrayant tueur en série ukrainien, Andreï Romanovitch Tchikatilo. J’étais aussi transporté par les peintures torturées des grands peintres de la renaissance qui possèdent une beauté froide, par Alfred Hitchcock, Léonard de Vinci et par tout un magma bouillonnant dans lequel brûlaient des cauchemars effrayants, récurrents, des sales films qui avaient hanté mes nuits…

La Verticale du mal qui clôt cette épopée, nous envoie 11 ans dans le futur provoquant un étonnement pour le lecteur qui ne s’attendait pas à ça. Est-ce une volonté de votre part de toujours surprendre ?

Forcément. Quoi de plus intéressant pour le lecteur que d’être surpris par le roman qu’il est en train de lire ? Si tout est joué d’avance, à quoi bon ? Dans cet opus, j’avais envie de laisser imaginer le lecteur sur ce qui pouvait se produire entre les personnages lorsque les années passaient, pour finalement me rapprocher de la réalité. Car dans la vraie vie, nous sommes bien d’accord que même les pires choses ne nous arrivent pas d’une semaine à l’autre… quoi que. J’avais envie aussi de faire évoluer la position géographique du roman, de faire en sorte que ce casting de personnages torturés se retrouve tous en cet endroit où le pire peut exister, où la violence, le rêve, la démesure se rejoignent en un seul pôle cohérent.

On retrouve, comme dans la verticale, un médium comme le héros principal de Tueurs au sommet, pourquoi ce choix ?

Les médiums de romans sont les meilleurs atouts pour faire passer des messages subliminaux, fantastiques, surnaturels, lorsque le récit l’exige. Et puis ils ont ce côté charismatique, mystérieux, qui vient renforcer les possibilités d’aborder l’au-delà sans trop d’artifices. Les médiums sont aussi ceux qui découvrent tout avant tout le monde sans que rien ne soit sûr, ce qui jette un doute sur la scène, et bien souvent le lecteur doit interpréter les « flashes » du médium comme un élément suggéré… j’adore faire cela !

Avez-vous fait, pour Le Cercle du Chaos, des recherches particulières sur les sectes ?

Oui, beaucoup. J’ai mis deux ans et demi à finaliser ce roman car la documentation a été fastidieuse. D’autant plus que nous nous rapprochions de la date fatidique du fameux calendrier Maya, colportant ainsi ce mythe qui était censé faire le buzz, les sectes millénaristes et autres faisant les choux gras de la presse. Avec « Le cercle du chaos » j’ai voulu démontrer à quel point le fanatisme, la prise de pouvoir sur la conscience humaine pouvait amener à une destruction quasi certaine, à terme, de l’existence humaine. Nos climats sociétaux, nos conflits religieux et communautaires s’y prêtant, il m’a semblé intéressant de décrire toutes ces différences qui nous opposent diamétralement et nous conduisent au pire. Nous vivons une époque où rien n’est défini. Alors que nous pensons vivre au cœur de sociétés structurées, équilibrées, organisées, il me semble que nous nous diluons dans un flou permanent, un vortex social et économique incertain et vertigineux. Ce qui génère dans nos microcosmes la violence, la criminalité à chaque coin de rues. Dans « Le cercle du chaos » j’ai voulu dénoncer non seulement les sectes qui sont légions, de plus en plus puissantes et déterminées, mais aussi les groupuscules extrémistes qui émergent et d’autres néo-mouvements très dangereux. Mon idée est que toute société doit se développer grâce à l’aide de chacun, mais elle doit aussi être rigoureuse, productive, et se plier à certaines règles, sans pour autant tomber dans les extrêmes et empiéter sur la liberté de penser propre à chacun.

Pour en revenir à la documentation du « Cercle du chaos », j’ai effectué un travail de recherche très fouillé, pour chaque narration technique, notamment pour les équipements militaires souvent décrits dans le roman. Beaucoup de mes connaissances me conseillent, m’orientent, mais je prends un malin plaisir à chaque nouveau roman, par commencer un travail de documentation avant même de poser le moindre mot.

Ce livre sonne comme une mise en garde, vous pensez que nous sommes allés trop loin et qu’il n’y a plus de retour possible ?

« Voici que je vous livre le reflet de notre monde vu dans le miroir de notre futur » j’avais écrit cette phrase pour la promotion du roman, je trouvais qu’elle résumait tout. Cette phrase, mise en exergue, permet de faire comprendre que nous sommes encore loin des menaces qui pèsent dans le roman. « Le cercle du chaos » est une fiction, mais pas tant. Le récit de ce roman démontre toute l’horreur et le chaos qui pourraient bien prendre place au cœur de nos sociétés si nous continuons à ne plus considérer l’importance des strates de l’éthique, et si l’on s’entête à ne plus prévoir notre futur.
Dans ce roman, je ne livre que le reflet de notre monde, vu au travers d’un miroir, qui nous donnerait la vision anticipée d’un futur proche.
Alors oui, prenons cela pour une mise en garde puisque nous avons encore de nos jours la possibilité de prévoir, de savoir, de comprendre et peut-être essayer de ne pas foncer dans le mur…

Fabio, j’ai cru comprendre que 2014 serait votre année. En effet, Protocole 424 devrait voir le jour sous peu et il y a également ce projet avec Stéphane Marchand…

2014 sera surtout l’année des parutions, des surprises. C’est un bonheur pour moi que de pouvoir satisfaire mes lecteurs, et j’essaie, dans la mesure du possible, de ne pas les décevoir.
Pour « Protocole 424 », comme ont pu l’apprendre les lecteurs sur les réseaux sociaux, les droits ont été acquis par l’Espagne pour le compte d’un groupe Editorial nommé Buzon Editorial. La maison d’édition publiera les trois épisodes entre 2014 et 2015. Le premier opus paraîtra en janvier 2014 et sera diffusé en Espagne et en Amérique du sud. Il y aura probablement une édition française en 2015.
Le projet d’écriture avec Stéphane Marchand avance doucement, prudemment, mais sûrement. Nous mettons tous les atouts de notre côté pour lisser ce travail qui nous obnubile, nous passionne. Nous écrivons une grande fresque qui devrait surprendre.
Nous essayons d’être juste, nous ne voulons pas que cette histoire sonne faux ou qu’elle ressemble à ce que l’on a l’habitude de lire. Nous sommes méticuleux et calculons tous les paramètres. Nous écrivons comme si nous vivions réellement dans la peau de nos personnages, comme si nous étions dans la ville où se déroule notre récit. Nous vivons donc avant tout une formidable aventure littéraire et préparons vraiment un roman hors norme, une entité littéraire inconnue, un ouvrage dans lequel se mêlent divers genres et époques. Il s’agit non pas d’un thriller mais plutôt d’une Légende Urbaine qui se découpera en trois gros volumes. On peut y ressentir des influences « kafkaïennes », un mélange de « Blade Runner », de « Twin Peaks » du talentueux David Lynch, et de la très controversée série : « Californication ». Cet amalgame nous permet de créer des scènes absolument extraordinaires qui, nous l’espérons, vous mèneront aux frontières de la folie et vous feront perdre le contrôle… Enfin, l’écriture d’une fiction inspirée de la vie de Jeffrey Dahmer, le tristement célèbre tueur en série américain, est également achevée, en lecture chez divers éditeurs. Une publication probable pour 2014…

Le mot de la fin ?

Un big bisous à toi Gaylord, j’ai été ravi de pouvoir répondre à tes questions et espère bien pouvoir te rencontrer un jour lors d’un salon. Et je tenais aussi à remercier tous ceux qui, comme toi, permettent aux auteurs de venir s’exprimer et parler de leurs ouvrages sur leurs espaces.

Merci beaucoup Fabio et à bientôt dans DBDLO pour la sortie des aventures de Lily.

Merci. Lily reviendra parmi vous après son voyage en terres ibériques…

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F
Pas mal l'article bonne soirée
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T
Un chouette interview qui m'a donné un coup de vieux avec la date de 1991 pour &quot;l'expérience interdite&quot; ce qui ne m'a pas rajeuni et là, je proteste vivement !<br /> <br /> Les livres de monsieur Mitchelli ont l'air d'être bien en dehors des sentiers battus et je suis pour ! Faut que je tombe dessus, et là, c'est une autre paire de manche.<br /> <br /> Mais bon, vu ma pile, j'ai un peu de temps devant moi...<br /> <br /> Merci, Gaylord pour l'article !
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