Les éditions Belfond anticipent la rentrée littéraire en publiant le 13 aout La petite barbare d’Astrid Manfreti. Stratégie risquée que j’espère payante tant le livre se révèle être digne du plus grand intérêt.
Parfois, on se tourne vers des romans qui sortent de notre zone de confort, en marge de ses lectures habituelles, La petite barbare est de ceux-là. J’ai étais séduit par le titre, puis par le regard hypnotique de la couverture. Voilà comment j’ai embarqué dans cette expérience déstabilisante : entrer dans la tête d’une fille de 20 ans incarcérée pour complicité de meurtre.
On l’appelle la petite barbare (jamais son prénom n’est donné dans le livre) et elle va bientôt sortir de prison. Quel a été son parcours ? Pour quelles raisons a-t-elle fini derrière les barreaux ? Comment a-t-elle vécu cette expérience carcérale ? Voilà les questions soulevées au grès de ce journal tenu par cette jeune femme coupable d’avoir été la spectatrice d’un crime qui l’a laissée indifférente.
Fille de banlieue, elle a joué du seul atout qu’elle avait en sa possession : sa beauté. Elle voulait toujours plus de robes, d’escarpins, de bijoux. Pur produit de la société de consommation, le paraitre est pour elle l’unique moyen de montrer sa réussite. Vision biaisée de l’ascension sociale où elle gravit les échelons en compagnie d’un ami qui la fascine et l’entraine dans ses ténèbres. Elle lui pardonne tout, ses coups de folie, sa rage, les humiliations qu’il lui fait subir… ses crimes.
La petite barbare est un livre déstabilisant qui dresse un constat plus qu’inquiétant sur les valeurs qui sont véhiculées par notre société. La plume d’Astrid Manfredi est cinglante, sans concession et parfois crue.
Je me suis demandé, au fil de la lecture, si ce roman était inspiré d’un fait réel tant les événements et personnages sont crédibles (j’ai même posé la question à l’auteur qui m’a affirmé que non).
Ce livre va vous bousculer, certains se diront surement choqués et des polémiques pourraient déferler. C’est tout le mal que je souhaite à Astrid Manfredi car La petite barbare est une parfaite porte d’entrée pour débattre du monde dans lequel nous voulons élever nos enfants. Une livre utile qui fait réfléchir tout en étant accessible. Une réussite !
Présentation de l'éditeur
En détention on l'appelle la Petite Barbare ; elle a vingt ans et a grandi dans l'abattoir bétonné de la banlieue. L'irréparable, elle l'a commis en détournant les yeux . Elle est belle, elle aime les talons aiguilles et les robes qui brillent, les shots de vodka et les livres pour échapper à l'ennui. Avant, les hommes tombaient comme des mouches et elle avait de l'argent facile. En prison, elle écrit le parcours d'exclusion et sa rage de survivre, et tente un pas de côté. Comment s'émanciper de la violence sans horizon qui l'a menée jusqu'ici ? Peut-elle rêver d'autres rencontres ? Et si la littérature pouvait encore restaurer la dignité ? Subversive et sulfureuse, amorale et crue, La Petite Barbareest un bâton de dynamite rentré dans la peau d'une société du néant.
160 pages
Editions Belfond
13 août 2015
15€