Tout commence sur le parking d’un supermarché. Madeleine ne retrouve plus l’endroit où est garé son véhicule. Plus inquiétant, elle ne se souvient même plus de la marque de sa voiture. Le numéro de téléphone de son mari n’étant pas dans le répertoire de son portable, elle décide d’appeler son fils Thomas, le cadet d’une fratrie de trois enfants. Quand celui-ci arrive, il apprend à sa mère que si elle ne trouve pas les coordonnées de son père, c’est tout simplement parce que cela fait un an qu’il est mort…
Très vite, le pronostique tombe, Madeleine est atteinte d’Alzheimer.
Entre fiction et témoignage.
Cyril Massarotto choisit un récit à deux narrateurs. D’un côté la malade, qui, consciente de son mal, va devoir vivre avec cette épée de Damoclès au-dessus de la tête. De l’autre Thomas, qui voit sa mère sombrer peu à peu et qui s’investira tellement dans la vie de cette dernière qu'il s'oubliera lui aussi d'une certaine manière.
J’ai senti l’auteur très à l’aise dans la structure du roman et je lui tire mon chapeau. Une chronologie décalée permet de visualiser une même action de deux points de vue différents, et ce à plus de cents pages d’intervalle. C’est un travail d’équilibriste que de garder le lecteur sur le fil de cette narration.
Thomas, c’est un peu Cyril Massaratto comme en témoigne ce passage :
« Ce que j’écris est une fiction, bien sûr, mais pas tant que cela : qui mieux que moi peut donner à ma mère la voix qu’elle a perdue ? »
Un concentré d’émotions.
La famille de l’auteur a elle aussi été touchée par la maladie à travers un oncle. La mère de l’écrivain s’en est occupée. Il y a transposition des sentiments de cette dernière dans les paroles de Thomas et Massaratto y ajoute beaucoup de lui (le protagoniste est auteur par exemple).
Ce texte est un concentré d’humanité qui fera chavirer tous les gens ayant des proches souffrants d’Alzheimer et qui permettra à ceux épargnés de prendre conscience du calvaire enduré par les malades et leurs familles.
Pourtant point d’excès de pathos ni de mièvreries. Le roman est parfois drôle et empreint de poésie (Madeleine parle des personnes atteintes en employant le terme « les oublieurs ». Certains passages sont très difficiles et remuent les tripes. On est transporté par une palette complète d’émotions.
Le premier oublié est un magnifique témoignage qui secoue à l’intérieur.
Le cinquième roman de Cyril Massarotto, tout en pudeur, nous emporte avec humour et délicatesse aux frontières de la mémoire, des souvenirs et de l amour filial.
Depuis quelques mois déjà, Madeleine oublie. Oh, des petites choses, rien de bien inquiétant. Jusqu au jour où elle s aperçoit qu elle a oublié le nom de son mari. C est Thomas, son fils, qui lui apprend que son époux est mort, il y a près d un an.
Le diagnostic tombe : sa mère est atteinte d Alzheimer.
Entre tendresse et amertume, Le Premier Oublié est un roman à deux voix, celles d une mère et de son fils, confrontés à l implacable avancée de la terrible maladie.
Editions XO
Septembre 2013
240 pages
17,90