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LA CHRONIQUE
Il est important de commencer cette chronique par un avertissement….enfin deux plutôt.
Premièrement si vous avez un petit cœur où si vous avez des difficultés à surmonter la lecture de passages violents (que ça soit physique ou psychologique) passez votre tour car « The Hunter » est très mais alors très gratiné.
Deuxièmement prévoyez un créneau assez large car une fois commencé vous ne pourrez le poser qu’une fois la dernière page tournée.
Pour l’histoire je serais bref afin de ne rien gâcher de l’intrigue. Une petite fille est retrouvée assassinée après avoir subie des violences qui dépassent l’entendement. Le tueur est un tortionnaire sadique et complètement déséquilibré qui prend du plaisir en humiliant et en violant de jeunes filles âgées entre six et neuf ans. Aaron, récemment séparé de sa femme qui a la garde de leur fille, est chargé de l’enquête.
Christelle Mercier nous livre une œuvre d’une rare violence où la barbarie et la cruauté du tueur côtoie l’innocence et l’impuissance de ses victimes. Jamais je n’ai lu des scènes d’une telle intensité. On est ici un cran au dessus de l’horreur que peut susciter une lecture comme « Les lieux sombres » de Gillian Flynn (qui était la référence du genre pour moi jusqu’ici). Ce sentiment est amplifié par des parties du texte où l’auteur utilise une vision enfantine pour décrire l’action.
L’intrigue est rondement menée et bien ficelée. La tension ne redescend jamais.
« The Hunter » vous retourne, vous touche et vous emmène dans un terrible fait divers, tout est tellement réel dans ce livre que vous n’aurez qu’une envie c’est celle d’aller vite vérifier si votre enfant va bien.
Christelle Mercier est un auteur de talent, ce livre a une vie au-delà de sa lecture et même si l’argument du « il vous hantera longtemps après sa lecture » est souvent utilisé à des fins marketing je vous assure que dans le cas de « The Hunter » il est totalement approprié.
Je recommande cette lecture à toutes les personnes qui apprécient d’être « malmenées » par une lecture. Pour moi c’est un gros coup de cœur en tout cas !
Editions Les 2 Encres
2012
176 pages
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PRESENTATION DE L’AUTEUR PAR L’EDITEUR
Née en 1975 à Orléans, Christelle Mercier travaille en tant que correspondante de presse pour un journal local et rédige également des articles pour des blogs.
L’écriture a toujours fait partie intégrante de sa vie en débutant par des comptines pour enfants à l’âge de treize ans. Depuis l’adolescence, l’étude de la psychologie des tueurs en série, la médecine légale, la police scientifique ont été une révélation pour l’inspirer dans l’écriture de ses polars en offrant aux lecteurs une minutie et une réalité sanglante.
L’INTERVIEW DE CHRISTELLE MERCIER
1- Christelle Mercier bonjour, pouvez-vous nous dire comment vous en êtes venue à l’écriture ?
L’écriture est venue à moi très tôt, dès treize ans j’écrivais des comptines pour enfants pour m’amuser. J’étais une grande rêveuse et raconter des histoires magiques, féeriques me traversaient l’esprit. A l’adolescence, j’ai fait connaissance avec Mary Higgins Clark, Patricia Cornwell et leurs ouvrages a été une révélation. D’une part parce que j’aspirais à être médecin légiste ou bien faire carrière dans la criminelle mais le destin en a décidé autrement. Au travers de mes écrits je peux incarner ces personnages, laisser mon imagination libre court à ses envies. C’était une passion au départ très solitaire car personne n’avait lu mes écrits et puis un jour, une amie m’a convaincu de tenter ma chance auprès d’éditeurs. Durant plusieurs années, j’ai essuyé des refus mais cela n’avait pas vraiment d’importance, le principale était de pouvoir s’exprimer par les mots, d’inventer des choses irréalistes.
2- A la lecture de « The Hunter » le lecteur n’en sort pas indemne, qu’en est-il de l’auteur ?
J’avoue que ce n’est pas quelque chose que je cherchais à tout prix au départ, choquer un lecteur est risqué car forcément, il n’aura pas forcément envie de le lire. La maltraitance, l’infanticide est un sujet que j’ai longtemps travaillé, quatre ans en réalité. J’ai cherché à comprendre ces cas car moi-même je suis maman et je n’arrivais pas à concevoir de faire souffrir un être si pure, innocent. Je lis énormément et je me suis aperçu que le sujet restait très tabou, un lecteur arrive facilement à imaginer une scène de crime où une femme ou un homme est victime mais l’impression est tout autre quand il s’agit d’un enfant. J’avais envie d’apporter quelque chose de différent avec ma sensibilité, une réalité certes brute mais sincère. Il y a des passages où il m’est arrivé de me sentir coupable d’écrire des faits aussi bouleversants, choquants cependant, lorsque j’écris, je ne me permets aucune retenue. C’est ma façon d’être, mon style, ma franchise. Je me suis demander parfois si je n’avais pas dépassé les limites, écrire c’est aussi vivre ses propres scènes et cela a été très difficile. Je ne suis pas sortie indemne non plus de ce livre, être vrai avec soi-même c’est l’être avec son lecteur et ce sujet me tenait à cœur. Lever les tabous, les non-dits, The hunter est certes une fiction mais se rapproche également d’une réalité plausible, c’est cela qui le rend justement très fort.
3- Avec le recul, quel regard portez-vous sur « The Hunter » ?
Je n’étais pas sûre de moi au départ justement par rapport aux regards que porteraient les lecteurs, bon nombre de fois où j’ai entendu dire que la préface suffisait à effrayer, que ce n’était pas un livre qu’on souhaiterait lire. Aujourd’hui, j’en suis fière car The hunter est court mais il se suffit à lui-même parce qu’en refermant la dernière page, je sais qu’il restera ancré dans les esprits. Je sais qu’aujourd’hui, toute ma sincérité, ma sensibilité a été perçu dans l’écriture et c’est déjà une sacrée récompense. Ce n’est pas une question de voyeurisme, ni d’écrire quelque chose de brutal mais de traiter d’un sujet qui me tenait à cœur.
4- Félicitations pour le prix Dora-Suarez que vous venez de recevoir (la compétition était rude !!). La reconnaissance est-elle importante à vos yeux ?
Merci, je suis encore aujourd’hui toute retournée :)
J’ai un grand défaut en vérité, c’est que je me donne énormément à l’écriture mais je manque énormément de confiance en moi. Chaque compliment me fait rougir et j’ai toujours l’impression que ce n’est pas de moi qu’on fait l’éloge. Avoir des lecteurs qui apprécient ce que vous faites est déjà une reconnaissance et me touche énormément. Je prends chaque critique qu’elle soit négative ou positive parce que je n’ai pas la plume parfaite et qu’au fur et à mesure, tout est bon à prendre.
Recevoir le prix Dora-Suarez est comme une deuxième naissance pour The hunter, cela représente l’accomplissement de tout ce travail d’écriture, de ce j’ai donné pour le construire et lui apporter une âme. Comme je le dis dans le livre, c’est comme une grossesse que l’on vit, que l’on ressent durant neuf mois égoïstement et puis vient le temps de le faire aimer des autres, de le laisser grandir parmi les lecteurs. Je pense aujourd’hui que ce bébé a pris son indépendance et qu’il a trouvé son public.
C’est gratifiant.
C’est touchant.
5- Quelles sont vos influences majeures dans le domaine de l’écriture ?
Cela fait une dizaine d’années que j’étudie la psychologie des tueurs en série, la criminologie et bien sûr, la médecine légale qui m’inspirent pour l’écriture car j’aime donner ce côté très réaliste à une histoire. Travaillant comme correspondant de presse, tous les jours sont une source d’inspiration, une situation, une personne peut être un déclic à un début d’écriture. Je suis amené à rencontre beaucoup de monde, de tout milieu social et c’est très enrichissant. Quant à ma lecture, elle est énormément variée. J’ai longtemps été adepte des polars américains car c’est ma seconde patrie puis, depuis deux ans, par l’intermédiaire de ma fonction de chroniqueuse littéraire à mes heures perdues, j’ai découvert des auteurs français tout aussi talentueux. Mes influences sont variées, ce sont celles d’hier, d’aujourd’hui et de demain.
6- Que réservez-vous à vos lecteurs dans le futur ?
Je viens de terminer la suite de The hunter, ce n’était pas l’objectif au départ mais j’avais envie de donner une seconde chance à ce petit garçon qui est l’un des personnages principale. J’ai deux, trois idées pour un prochain roman sur un tout autre sujet mais l’idée germe petit à petit…
D’autres projets d’écriture sont prévus mais pour le moment chut… rien n’est défini…
Merci beaucoup !
Le plaisir est partagé :)