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Blog culturel. Chroniques littéraires, musicales et interviews

Interview Personnage: Etienne Lalouze (avec la participation de Patrice Dauthie)

Publié le 6 Février 2014 par Dubruit Danslesoreilles in ITW personnage

Interview Personnage:  Etienne Lalouze (avec la participation de Patrice Dauthie)

Pour cette seconde interview personnage, j'ai la joie de vous présenter Mr Etienne Lalouze, l'anti-héros de La fable des cloportes de Dauthie et Cherruel.

Bonjour Étienne Lalouze, toute l’équipe de DBDLO (qui se résume à ma seule personne) est heureuse de vous accueillir !

Bonjour à toute l'équipe ! DBDLO c'est un peu long je trouve ! Je peux vous appeler Débédé ? Ça fait bizarre d'entrer dans un blog. J'espère qu'il n'y a pas de parasites ou de virus ! Vous toussez un peu non ? Ne le prenez pas mal, mais je vais me passer un peu de solution hydroalcoolique sur les mains.Je suis un peu tendu, pour tout vous dire...

 

 

Vous avez il y a peu changé d’orientation professionnelle, pourriez vous nous expliquer vos motivations ?

C'est à cause des romans policiers et du Prozac. Les livres pour les enquêteurs célèbres que j'ai toujours admirés, cher Débédé, tout comme vous, et le Prozac pour la désinhibition qu'il m'a occasionnée à un moment de ma vie où j'ai été un peu dépressif. Comme je n'étais plus moi-même sous l'emprise de cette molécule, je me suis inscrit stupidement à un concours interne d'officier réservé aux administratifs de la maison poulaga... et comme de surcroît je ne suis pas trop bête, j'ai décroché la timbale... avec cependant quelques difficultés dans les épreuves sportives. J'ai horreur du sport et, au moment de la compétition, j'allais sur mes 50 ans quand même ! Après, la mécanique était lancée, je ne pouvais plus reculer alors que le traitement avait pris fin. Il a fallu faire face. Avec lucidité. C'est diablement difficile.

 

 

Ça se passe comment avec Emma, votre supérieure ?

Elle fait partie de ces femmes d'aujourd'hui qui réussissent, décident, managent, organisent, planifient.... Elle rebondit toujours sur les événements et connaît bien les ressorts des hommes qui l'entourent. Et en plus, elle est belle comme la femme d'un autre, comme disait Pagnol. Elle a fini par m'accepter dans son équipe, malgré mon caractère timide et emprunté. De mon côté, je fais beaucoup d'efforts vis-à-vis d'elle et de mes collègues, alors que, pour employer un oxymore, je nourris d'ordinaire une forme de "misanthropie humaniste". Comme Pierre Desproges, "j'aime trop les hommes - les femmes aussi d'ailleurs - pour les tolérer médiocres".

 

 

La légende dit que vous vous déplacez uniquement en voiturette, ce n’est pas gênant en cas de course poursuite ?

Si, bien sûr ! Mais, au delà de 50 km/h, j'ai peur en voiture... Séquelles d'un accident de jeunesse au cours duquel j'ai perdu ma fiancée. Cela m'a définitivement traumatisé. Ce "traîne-poivrot", comme disent mes collègues moqueurs, j'y tiens beaucoup. Il est comme moi, fragile et lent. Il agace beaucoup mes coreligionnaires mais je n'en ai cure. Avec un véhicule comme celui-là, on n'est pas comme les autres et c'est ma plus grande vanité. Évidemment, si j'étais aux stups et régulièrement missionné sur des "go fast", ça poserait problème, mais à la PJ j'arrive à m'adapter.

 

Vous avez travaillé sur une sombre histoire de meurtres où des personnes issues du milieu caritatif semblent être impliquées. Pourriez-vous nous en dire plus ?

La générosité est parfois un onguent dont s'enduisent les puissants pour s'attirer les hourras des foules. Dans cette enquête, des vieilles dames sans défense sont livrées à des tortionnaires qui les abusent sexuellement. Il existe un "système" de la charité et de la bien-pensance organisée. Un système pervers dans lequel s'engouffrent des individus pervers, sans scrupules, prêts à tout pour jouer les héros aux yeux des citoyens alors qu'ils ne pensent qu'à leur gloriole personnelle ou à leur propre enrichissement. Les exemples foisonnent.

 

Un SDF vous aurait aidé à résoudre l’enquête, est-ce bien vrai ?

Oui. Il s'appelle Bernard Defurnes. On rencontre des gens passionnants chez les SDF. Lisez le merveilleux "Crépuscule des Gueux" de Hervé Sard et vous comprendrez. J'ai moi aussi de l'estime pour les gens brisés, cassés, définitivement "out". J'ai bien dit de l'estime, et non de la compassion. Leur révolte est silencieuse, fréquemment étouffée par l'alcool et le manque d'estime de soi. Defurnes est un philosophe de comptoir, un boute-en-train et un idéaliste, mais il est diablement perspicace.

 

 

Votre mère est un personnage haut en couleur…

Elle, c'est une femme de mai 1968. Elle ne s'est jamais départie de ses penchants libertaires, bien qu'elle ait épousé mon papa, Émile, chef de bureau à la SNCF, un homme discipliné, cultivé et amoureux de la nature qui m'a transmis sa passion des livres. Un papa disparu trop tôt à cause du crabe. Maman a une addiction pour les pétards et l'art abstrait. Et c'est moi qui suis chargé de l'approvisionner en herbes illicites, vous vous rendez compte ! Je me les procure chez un couple de jeunes dealers. Elle en a besoin pour parfaire son inspiration et réaliser des toiles un peu bizarres. il faut dire qu'on habite une maison bizarre aussi, au bord du canal de la Deûle, face aux ruines des Grands Moulins de Paris à Marquette-lez-Lille. Venez nous voir un jour. Vous serez épaté par le caractère mélancolique, voire désespérant, de cette représentation si réaliste de la décadence de notre industrie. À côté, se trouve une usine de recyclage de métaux. Il y a là toute une symbolique... L'avènement d'un monde postindustriel. Une nouvelle ère.

 

Selon mes sources (je balance, c’est Maryse Cherruel et Patrice Dauthie) vous seriez hypocondriaque ?

Comme je viens de le dire, mon créateur est mort d'un cancer. Dès qu'un grain de beauté suspect, une douleur abdominale ou un mal de tête persistant surgissent, je vois des tumeurs partout. J'ai une peur maladive du cancer. Il est là, tapi en chacun de nous et il attend son heure… Mais vous savez, cher Débédé, l'hypocondrie n'est que méfiance, inquiétude et suspicion. De bonnes qualités pour un officier de police non ?

 

 

M. Lalouze, vous travaillez sur une nouvelle enquête en ce moment ?

En ce moment c'est assez calme. Mais cet été j'ai été mêlé à une drôle d'histoire, à la faveur de congés passés en baie de Somme avec maman. J'ai décidé d'en faire le récit. Les gendarmes m'avaient demandé un coup de main pour résoudre une affaire glauque, où se retrouvent des exhibitionnistes, des homophobes, des éleveurs de moules et des chasseurs de phoques. Avec mon sens de l'observation, j'en ai tiré quelques tableaux qui devraient vous plaire. La traduction de l'image en mots justes est mon dada. Maman a été insupportable, comme d'habitude. Elle s'est entichée de Defurnes depuis l'affaire des cloportes et a pratiqué le naturisme avec lui durant nos vacances, vous voyez le topo ? Du délire ! Et je n'avais pas le docteur Moloy (1) sous la main pour me soutenir ! Pénible ce séjour, vraiment ! Si tout se passe bien, vous en saurez davantage fin 2014.

 

 

Bon, entre nous, ce n’est pas la galère d’avoir un patronyme comme le vôtre ?

Il est consubstantiel à ma personnalité et je m'en accommode. Dans ce monde de winners, n'est-il pas rassurant de voir que même les faibles peuvent avoir des résultats probants ? Vous avez encore des questions cher Débédé ? Parce que là, c'est bientôt l'heure de ma tisane. Trop de stress accumulé malgré votre gentillesse. Camomille, tilleul ou bergamote ? J'hésite. Je vous en offre une tasse ?

 

Non merci, sans façon. Merci à vous Étienne

 

 

(1) Clin d’œil au "Molloy" de Samuel Beckett

 

Merci a Maryse Cherruel et Patrice Dauthie d'avoir rendu cette interview possible

 

Interview Personnage:  Etienne Lalouze (avec la participation de Patrice Dauthie)

Biographie Maryse CHERRUEL

Maryse voit le jour le 27 janvier 1956 à Beauvois-en-Cambrésis, petit village du Sud du Nord. Adolescente, elle s’exerce déjà modestement au jeu de l’écriture, en rédigeant des poèmes ou des petits textes qu'elle garde secrets... Ne sachant quelle voie emprunter, elle part, à 19 ans, à Lille pour embrasser une carrière de fonctionnaire à la Préfecture. Au fil des années, elle découvre les arcanes de l'administration. Elle est aujourd'hui chef de service au Département du Nord.

Après plus de 18 ans de mariage, deux enfants et un divorce chaotique, cette passionnée de lecture et d'écriture éprouve le besoin de redonner un sens à sa vie en imaginant elle-même des histoires où se mêlent romantisme et intrigue policière. D'ordinaire rompue à la rédaction de lettres ou de notes au style très convenu, elle libère sa plume dans des textes fluides qui parlent en simplicité de la vie de tous les jours, des tourments de l'amour et des difficultés à rejoindre l'autre. Son inclination pour des auteurs sensibles tels que Paulo Coelho, Annie Ernaux ou Eric-Emmanuel Schmitt guide son inspiration, mais elle ne s'éloigne jamais dans ses écrits de l'environnement qu'elle connaît le mieux : la région du Nord.

C’est en 2002 qu'elle commence l’écriture de son premier vrai roman… sous le pseudonyme de Mary Leurrech. L’Amour Inachevé est publié en novembre 2005 sous l'égide d'une maison d'édition parisienne. Histoire d’amour, sur fond d’intrigue policière, cet ouvrage recèle quelques touches autobiographiques et distille ça et là les propres attentes de son auteure. Deux ans plus tard, elle publie, en auto-édition cette fois, son second roman, Au Bout du Tunnel un Rayon de Lumière, dans lequel elle remet en scène Florence Levigier, l’héroïne de son premier livre.

Lectrice assidue de polars et de thrillers, le style policier attire Maryse de plus en plus, d'autant qu'elle a fait la connaissance de Patrice Dauthie. Avec lui elle découvre d'autres facettes de la littérature policière et décide de créer le personnage d'Emma Telier, une fliquette au cœur tendre mutée à la DIPJ de Lille qui subit le machisme de ses collègues et la pression de sa hiérarchie. Avec ce troisième roman, Vengeance au Cœur de Lille, elle brise la glace et écrit sous son vrai nom. Le livre parait en 2009 chez BTF Concept.

Par la suite, bien que Patrice soit peu confiant dans un projet d'écriture en commun, elle réussit à le convaincre de tenter un jeu un peu particulier avec la rédaction à quatre mains et à distance d'un véritable roman policier. Patrice vit en baie de Somme mais les 140 km qui les séparent sont vite franchis sur la toile. Les échanges de textes dans lesquels chacun rebondit sur l'inspiration de l'autre donnent naissance à une histoire débridée mettant la commandante Telier en butte avec un sociopathe insaisissable. Ce dernier utilise un mode opératoire inédit : des serpents exotiques hybrides très venimeux (Les Châtiments d'Apophis, Éditions du Riffle, sélectionné pour le prix régional du Lions Club - verdict attendu le 30 mars au salon de Bondues).

Les deux larrons récidivent avec la parution, en novembre 2013, de La Fable des cloportes, toujours aux Éditions du Riffle. Dans ce livre qu'ils qualifient de "farce policière", Maryse et Patrice essayent de dénoncer des faits d'une gravité extrême avec légèreté et humour.

Les deux enfants, fille et garçon, que Maryse a élevés sont aujourd'hui adultes et autonomes. Elle poursuit sa carrière et partage son temps libre entre le Nord et la Somme. Très proche de la nature, elle aime les balades en bord de mer et le calme de la campagne. Côté image, elle est fan de séries telles que les Braquo, Engrenages et autres Killing, Borgen....

Interview Personnage:  Etienne Lalouze (avec la participation de Patrice Dauthie)

Biographie de Patrice Dauthie

Âge : mûr

Originaire du Nord

Autodidacte par déterminisme social

Ex cadre administratif

A travaillé principalement à Lille

Cesse prématurément son activité professionnelle il y a un peu plus de 5 ans à cause d'un tourteau indigeste.

Pouvoir d'achat en déclin, doit repenser sa vie alors qu'il vient de rencontrer Maryse, divorcée comme lui. Ils partagent leur passion des lettres et des mots.

Lassé par la ville, se retire en baie de Somme en 2008, dans un petit village.

Activités : Pêche à la mouche, randonnées en solitaire et bien sûr lectures, de plus en plus nombreuses et éclectiques.

Aime la solitude, considérant que celle-ci est devenue un luxe.

Adore les insectes mais n'en mange pas encore.

Regagne chaque semaine la capitale nordiste en TerGV, pour y revoir Maryse et travailler bénévolement au service d'une association d'aide aux personnes sans abri ou mal logées.

Commet des billets d'humeur dans la revue d'information de son association.

Aurait aimé être journaliste, lit beaucoup la presse nationale et internationale.

Friand d'humour noir.

Attiré par tous ceux qui marchent à côté des sentiers balisés.

Ne porte plus de montre ni de costumes. Encore moins de mocassins à glands.

Citations favorites :

"La lucidité est la blessure la plus rapprochée du soleil" (René Char).

"Car en moi il y a toujours eu deux pitres, entre autres, celui qui ne demande qu'à rester où il se trouve, et celui qui s'imagine qu'il serait un peu moins mal plus loin" (Samuel Beckett).

"Les gens heureux me font chier" (Jean-Marc Reiser).

Références littéraires :

Marqué par de multiples auteurs. En vrac, on trouve, côté polars : Frédéric Dard, James Hadley Chase, Carter Brown, Peter Robinson, Fred Vargas, Franck Thilliez, Carl Hiaasen, Tom Sharpe, Mo Hayder, RJ Ellory, Donald Ray Pollock...

Côté romans : Guy de Maupassant, Émile Zola, Honoré de Balzac, George Orwell, Edgar Allan Poe, Albert Camus...

Des essais, de la philosophie... avec encore Albert Camus, mais aussi Pierre Desproges (qui mérite pour lui le qualificatif de « philosophe »), Michel Onfray, Philippe Muray, Dany-Robert Dufour, Baudouin de Bodinat, Jaime Semprun... de la BD bien sûr, avec Jean-Marc Reiser (philosophe lui aussi !), Franck Margerin, Edika...

Et d'autres explorations plus atypiques : Thomas Bernhard, Fritz Zorn, Michel Houellebecq, Jerzy Kosinski, Alberto Moravia, Samuel Beckett, Mathias Zschokke...

Sans oublier les auteurs régionaux rencontrés dans les salons du livre... non cités de peur d'en oublier...

Le passage à la rédaction d'une fiction voit le jour en 2010 grâce aux encouragements de Maryse qui, forte de ses premières expériences d'édition, l'incite à se jeter à l'eau. La décision de tenter un roman à quatre mains à distance vient naturellement. Au départ c'est un jeu, à l'arrivée ce sont les Châtiments d'Apophis. Dans ce qu'il appelle une fantaisie policière, l'ex cadre moyen raisonnable aux costumes sombres, formaté à un verbiage synthétique et artificiel, se met à écrivasser et se lâche enfin. Le binôme vient de récidiver dans un deuxième ouvrage où l'humour noir est omniprésent, La Fable des cloportes, paru en novembre 2013.

Maryse et Patrice au salon de Dainville en janvier 2014

Maryse et Patrice au salon de Dainville en janvier 2014

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D
Merci m'sieur Yvan! Je te conseil fortement la lecture de la Fable des cloportes!
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G
eheh excellent ! J'adore, cher Débédé, et grand merci à l'interviewé pour ce chouette moment ;-)
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