J’ai amorcé mes retrouvailles avec Stephen King par le biais de Plein gaz, une nouvelle coécrite avec Joe Hill (son fils). Tout aurait pu s’arrêter là au vu du caractère passable du texte. Mais voilà, après 15 années de régime King, il fallait bien que je m’y remette. Pourquoi pas avec Joyland ? Après tout, un petit tour dans le pays de la joie ne fait de mal à personne.
Un livre en marge des productions habituelles de Stephen King
Seulement 6 mois après Docteur Sleep, Albin Michel nous gratifie d’une nouvelle production du maître de la terreur. A noter que ce Joyland est sorti directement en poche sur le territoire de l’oncle Sam.
Forcément, quand on pense fête foraine, on pense clown. Et quand on pense clown, on pense forcement à « Ça », l’œuvre qui a déclenché une véritable phobie des plaisantins peinturlurés pour toute une génération. Et bien fausse route ! La première et quatrième de couverture sont très loin de l’ambiance du livre. Joyland ne vous fera pas frémir de peur. Le fantastique représente une part dérisoire de l’histoire.
Devin a 60 ans, l’heure pour lui de faire le bilan et de revenir sur l’été 1973, celui qui l’a fait basculer dans le monde des adultes.
Bienvenue chez les forains.
Cette année-là, il travaille comme saisonnier dans le parc Joyland. La première partie du livre pose le décor. King n’a pas son pareil pour concocter des ambiances aux petits ognons et retranscrit à merveille celle du milieu des forains et des années 70.
Devin est en proie à la tristesse face au déclin de sa relation avec son amour d’enfance. Heureusement, il rencontrera deux étudiants qui comme lui sont à Joyland pour leur job d’été. Une réelle amitié va s’instaurer entre eux.
Amitié, amour, passage à l’âge adulte. Voici les thèmes de prédilection de l’auteur.
Un grand huit émotionnel.
Jusque-là, ce roman est agréable et sympathique à lire. Mais attention, il va prendre bien plus d’envergure lorsque Devin rencontrera la belle Annie, mère célibataire qui élève son fils, Mike, gravement malade.
Je passe intentionnellement sous silence les éléments de suspens et le côté fantastique du récit, car ils font guises de simple figuration.
Je vous disais que vous ne frémiriez pas de terreur à la lecture de Joyland, non, mais vous allez trembler sous le coup de l’émotion. Quelle intensité ! Les personnages sont tellement touchants. Leur relation est décrite avec une retenue bienvenue. On peut parfois faire passer tant de choses dans les non-dits.
En résumé : une ambiance savamment construite (le coup du langage spécialement utilisé par les employés du parc est une superbe trouvaille) et des personnages plus vrais que nature qui vous submergeront d’émotions font de Joyland un sacré bon roman !
4ème de couverture
Les clowns vous ont toujours fait peur ?
L atmosphère des fêtes foraines vous angoisse ?
Alors, un petit conseil : ne vous aventurez pas sur une grande roue un soir d orage...
Mêlant suspense, terreur, nostalgie, émotion, un superbe King dans la lignée de Stand by me.
ALBIN MICHEL
Mai 2014
350 pages
21.90€